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Méthanisation

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La méthanisation est une technique de valorisation des déchets organiques, permettant à la fois la production d’énergie et d’amendements organiques, sous forme de digestats ou de composts. Cette technique consiste à placer différentes matières organiques en conditions anaérobie (absence d’oxygène) dans un méthaniseur chauffé, afin que les bactéries produisent un biogaz majoritairement composé de méthane, qui sera valorisé soit par injection dans le réseau de gaz naturel, soit par cogénération (production d’électricité et de chaleur) ; le biogaz peut également être valorisé en chaleur unique (chaudière gaz) ou utilisé comme bio-méthane GNV pour plusieurs types de véhicules.

Les déchets mobilisables par les agriculteurs sont essentiellement les fumiers et lisiers mais aussi des gisements plus méthanogènes tels que les issues et pailles de céréales, les marcs épuisés et vinasses, les déchets de fourrages ou de fruits, les CIPAN (cultures intermédiaires pièges à nitrates) les CIVE (cultures intermédiaires à vocation énergétique) etc. Afin d’éviter une inflation des denrées alimentaires liée aux cultures alimentaires et énergétiques, l’Etat français a choisi de n’intégrer dans ses méthaniseurs que 15% maximum de cultures dédiées (décret du 7 juillet 2016). Selon le nombre et la taille des structures associées on distingue deux grands types de projets de méthanisation agricole :

la «méthanisation territoriale»

portés majoritairement par des agriculteurs, ces projets valorisent dans une même « unité centralisée » les déchets de nombreuses fermes mais aussi de collectivités ou d’industries agro-alimentaires. A partir d’une certaine puissance (de l’ordre de 1 MW) l’injection du biogaz dans le réseau devient économiquement possible ; les revenus de cette vente, ainsi que
le digestat, bénéficient à l’ensemble des agriculteurs prenant part à l’approvisionnement en déchets.

la « méthanisation à la ferme »

ces projets de taille plus modestes (de 30 à 600 kWe) sont portés par une ou quelques exploitations agricoles. La production d’énergie se fait par cogénération, l’électricité étant vendue au réseau. Ce modèle économique n’est viable que si la chaleur produite est valorisée sur place (séchage de digestats, bois, fourrages, récoltes, chauffage de serres, bâtiments d’élevage, ou habitations) ou dans un réseau de chaleur local. Actuellement, le modèle moyen qui se développe à la ferme estune unité de puissance électrique installée de 220 kWe, recevant 7 700 tonnes/an de matières méthanisables (environ 20 T/jour), dont 65 % d’effluents d’élevage et produisant 1700 MWhe/an. Les coûts d’investissement sont d’environ 7 000 €/kWe de puissance installée. Il existe des aides à l’investissement (appel d’offre de l’Ademe) ainsi que des tarifs d’achat pour l’électricité et le
biogaz vendus au réseau. Le nombre d’agriculteurs parties prenantes et la proximité du gisement (les fumiers et lisiers ne
doivent pas se trouver à plus de 15 km de l’unité) sont des facteurs déterminants du dimensionnement du projet et de sa rentabilité.

Schéma de fonctionnement global

Dans l’Aude

Le projet ARSEME regroupe 57 agriculteurs et une coopérative (la Cavale) situés sur 3 départements d’Occitanie (Aude, Ariège et Haute-Garonne). L’unité de méthanisation, qui devrait voir le jour fin 2018 sur la commune de Montaut (09), injectera le biogaz produit dans le réseau de gaz naturel. Ce projet présente la particularité d’être financé par une campagne de financement participatif (800.000 euros collectés) ce qui contribuera à créer du lien entre les agriculteurs et la population locale et à favoriser l’acceptation locale de l’unité. La matière première sera composée de 12 500 tonnes d’ensilage de pieds mâles de maïs semence, 1 800 tonnes de résidus d’égrenage de maïs semence, 1 800 tonnes d’ensilage de colza semence et 5 750 tonnes de lisiers de bovins soit un total de 21 850 tonnes annuelles d’intrants bruts. À terme, ce projet devrait permettre la création de six emplois pérennes et assurer la production de 16 470 Mwh à l’année, soit l’équivalent de 66% de la consommation en chauffage de la ville voisine de Saverdun (4500 habitants). En limite ouest de l’Aude, la société CLER Verts, PME indépendante du Lauragais, a inauguréen 2016 à Bélesta-en-Lauragais une usine de méthanisation permettant de traiter 18000T de déchets organiques (notamment des déchets agricoles de 2 communes audoises : Les Cassès et Montmaur) aujourd’hui incinérés ou enfouis. Cette installation permet de réduire les nuisances engendrées par le compostage de certaines matières odorantes, de produire de l’énergie (électricité et chaleur) ainsi qu’un amendement agronomique à partir des déchets locaux. D’une puissance de 645 kWe, l’unité produira de l’électricité (5000 MWh) et utilisera la chaleur produite (5870 MWh) sur place afin d’assurer le chauffage du digesteur, hygiénisation des intrants et séchage de bois déchiqueté. Par ailleurs 2 projets (une unité territoriale et un petit collectif de 3 exploitations) sont en cours d’étude sur le département.

La demande restant confidentielle, il n’existe pas dans l’Aude de structure en capacité de proposer un conseil indépendant dans ce domaine. En fonction de la demande locale la Chambre d’agriculture pourrait proposer une formation sur la conception de projets de méthanisation à la ferme avec l'appui de spécialistes. Pour l'heure il est possible de s’adresser directement aux bureaux d’études spécialisés et disposant de références vérifiables (voir leurs réalisations dans les départements voisins) ainsi qu'aux agriculteurs porteurs de projets ayant abouti. Afin d'évaluer le potentiel méthanogène d'un gisement, s'adresser à l’Inra Transfert Environnement à Narbonne.